La Mouette de Tchekhov

C’est avec La Mouette que la compagnie dirigée par Jérôme Goudour a fait ses premiers pas en 1989. Aujourd’hui, elle décide de retrouver son texte fondateur et, maturité aidant, de le revisiter dans une version ébouriffée qui fait la part belle au thème de la nécessité du renouveau culturel et de son corolaire: le conflit des générations. «Que veut dire Tchekhov quand il raconte le conflit entre Treplev et sa mère?», s’interroge ici le metteur en scène. «Il ne nous montre rien d’autre que l’accouchement d’une forme de contre-culture. Arkadina se croit détentrice de la clé de l’art dramatique alors que son fils tente de lui démontrer que d’autres voies sont possibles et souhaitables.» Jérôme Goudour s’inspire ici de l’adaptation réalisée par Marguerite Duras en 1984 à la demande de Marcel Maréchal, qui propose de nouveaux rapports entre les personnages et une mise en abîme de théâtre dans le théâtre. Une mouette, un lac, un théâtre… Au bord de ce lac, une troupe joue une pièce qui met en scène des jeunes gens qui jouent une pièce au bord d’un lac. Ainsi va la méthode de La Nuit blanche, qui, sur les pas de Duras, ne vise pas tant à «monter» la pièce qu’à retrouver ce qu’il y en a en elle de plus vivant, et à libérer la créativité et la sincérité de ses comédiens.